Le theme du jeu d'après la fin c'est l’émergence d'une forme de vie différente : la vie synthétique. Ce theme est en effet traité dans le jeu mais c'est vrai que rien ne laissait supposer qu'il serait déterminant. En cela, la fin de l'histoire n'est pas une conclusion satisfaisante car elle n'est pas en accord avec l'ensemble de l'histoire, elle n'est pas amenée correctement, elle est bancale. Le problème est que Shépard ne réfléchi pas sur la mort, le cycle de la vie, les intentions des moissonneurs. Shépard ne tire aucune conclusion de ses expériences. Du coup, la fin ne peut conclure aucune réflexion et l'IA finale se pointe pour nous donner des clefs d'une porte qu'on avait même pas remarqué pour la plupart. C'est CA le problème. Le jeu ne nous a pas poussé dans le bon sens, n'a pas orienté notre réflexion comme il fallait. Ils auraient du nous faire sentir qu'on aurait ce genre de choix à faire bien plus tôt histoire qu'on se concentre sur cet axe de réflexion lors des différentes expériences que nous propose le jeu. La problématique est posée à la toute fin du jeu. C'est comme si on lisait un texte philosophique sans savoir de quoi l'auteur parle et que c'est seulement à la toute fin qu'il dévoilait son theme. Évidemment qu'on est paumés... C'est une règle de base de commencer par poser la problématique. Ils ont voulu créer une fin classique en narration, une fin qui surprend, une fin qui n'arrive qu'au dernier moment mais ça ne peut fonctionner que dans une narration guidée, une narration où tout ne conduisait que vers une seule conclusion, une narration pu tout aurait pu se dénouer à la fin car tout était déjà écrit à l'avance. Ici, avec cette volonté de laisser le joueur réfléchir par lui même, c'est un sale coup. La moindre des choses c'était de nous prévenir ce sur quoi on aurait du réfléchir au lieu de nous laisser chercher la problématique pendant tout le jeu.
D'un autre côté, nous démontrons aussi que nous avons trop l'habitude d'être guidés, incapables de penser par nous même si le jeu ne nous y incite pas fortement voir ne nous prémâche pas la réflexion. Mass effect nous a donné de quoi réfléchir et bêtement on a attendu que ça soit servit sur un plateau, qu'on nous présente une réflexion au lieu de batir la notre. Du coup quand la fin arrive et qu'on doit faire un choix, la grosse majorité d'entre nous est perdue. Ben merde, ça tombe comme un cheveux sur la soupe, j'ai pas réfléchi sur le jeu, j'ai pas d'idée, je ne sais pas sur quoi m'appuyer pour faire ce choix ni ne comprend pourquoi on me le demande. En gros, on est des gros boeufs à côté de la plaque, des assistés. On a aussi notre part de responsabilité dans l'échec de la fin.
La dernière chose c'est que le jeu ne nous dit pas qui a raison et c'est surement le point le plus important. Ca c'est horrible. On est tellement pas habitué à ce qu'il n'y ait pas de "bon" choix mais juste des alternatives... Et nous sommes tous frustrés. Est ce que j'ai eu raison? Est ce que j'ai bien compris? Est ce qu'il y a quelque chose que je n'ai pas vu? Pourquoi est ce que la fin n'est pas évidente? Pourquoi n'ai je pas l'impression que tout coule comme il faut? Ben ouais mais c'est souvent comme ça dans la vie. Vous vouliez RP? Vous vouliez être Shépard ou le mec qui le suit? Ben vous êtes Shépard, vous êtes le héros et personne ne sera là pour prendre la décision à votre place ou vous dire que vous avez raison.
En tant que joueur synthèse, c'est normal que je te dise que tu es parano et n'a pas su accorder ta confiance. En tant que joueur destruction c'est normal que tu dises que j'ai livré la galaxie aux moissonneurs et trahis la vie biologique.
C'est la faiblesse du jeu mais aussi sa force quelque part.
A la fin, le jeu dit bien que vous êtes une sorte d'élu. En gros, il a toujours été possible de se tenir là où vous êtes et de tout arrêter mais fallait avoir ce qui faut dans les tripes. Vous avez l'expérience nécessaires, vécu ce qu'il fallait pour prendre la bonne décision. On a pas vaincu le système, le système reconnait son imperfection et nous a mis à l'épreuve dans l'espoir que nous arriverions un jour pour trouver une meilleure solution. Il y a là une mise en abime d'ailleurs. Le jeu nous impose un système, des règles, un univers. Le jeu nous met à l'épreuve, le jeu nous fait vivre un certain nombre d'expériences en tant que joueur et nous présente des difficultés. A la toute fin, lorsque nous avons surmonté toutes les épreuves, il nous laisse carte blanche, il veut que nous fassions le bilan et nous demande ce qu'il aurait fallu faire et il ne portera aucun jugement.
Et nous, cons que nous sommes, on a pas su tirer les leçons de nos expériences et on comprend pas de quoi on nous parle. On demande à être encore guidé, on demande à ce qu'on nous écrive pour nous la fin géniale et parfaite qui ne frustrera personne. En fait, l'IA se plante, on ne méritait pas qu'elle nous amène là. Notre place c'était à côté de Shépard, notre place c'était se fier à lui et ne pas arriver jusqu'à l'augure, nous faire évacuer en lui ayant permis d'arriver au but. Notre rôle de mouton c'était de voir notre grand héros prendre le bon choix pour nous, le choix dramatique et nous expliquer en quoi ce choix est logique et cohérente avec l'aventure. Bref, mass effect vous a prouvé que vous aimiez joué les héros mais que vous étiez tout juste bon à être un brave suiveur.
Oui le jeu a des contradictions tout simplement parce qu'aucune des fins n'est parfaite et parce que à l'opposé, aucune des fins n'est totalement mauvaise non plus. Encore une fois, le jeu ne prétend pas nous dire quelle est la solution et pire, il nous a forcé à nuancer, à tester notre détermination. Il a mis à mal nos idées, il a foutu le bordel dans nos têtes et à la fin, il nous demande de choisir alors qu'il a pris un malin plaisir à nous faire douter tout du long. Mais c'est seulement là qu'on est capable de faire un vrai choix, un choix difficile.
On retrouve 2 idées : la destruction, le contrôle. Parfaite logique avec l'idée de base qui est l'émergence d'une nouvelle forme de vie, la vie cybernétique. C'est grossomodo les 2 voies les plus évidentes, les plus réalistes et les plus probables si demain nous faisions face à une forme de vie intelligente inconnue.
Vient alors la 3eme voie, l'alternative qui n'existe pas. C'est un peu comme choisir la 3eme réponse qui n'existe pas sur le QCM. C'est la voie un peu idéaliste, un peu naive et aussi la plus fragile, une voie qui demande des sacrifices : le compromis. C'est aussi la seule voie qui tolère l’émergence de cette nouvelle forme de vie que sont les IA.
Si on développe.
La destruction. C'est la voie de celui qui refuse, de celui qui se méfie, de celui qui n'a pas confiance. C'est la voie de celui qui est extrême, voir réactionnaire. La vie synthétique est une menace, la vie synthétique est hors de contrôle, nous devons nous en débarrasser, la détruire. Nul doute qu'ils essayent en ce moment de me mentir, nul doute qu'ils essayent de m'endoctriner, nul doute qu'ils vont nous détruire ou nous asservir si je ne le fais pas avant eux. Les gens qui soutiennent la théorie de l'endoctrinement sont évidemment des gens qui choisiront cette voie. Vous n'avez pas su faire confiance, vous avez envie de croire qu'il y a un piege. Pour vous, mass effect est une histoire de guerre où le plus fort survit, pour vous les moissonneurs sont forcement mauvais et manipulateurs, pour vous cela ne peut se terminer que sur la destruction de l'ennemi. Vous êtes un soldat, dans cette histoire vous n'y avez vu que complot, piège, perfidie. Vous êtes venu détruire l'ennemi et vous l'avez fait. Vous n'aimez pas les autres fins car elles vous font croire qu'il existait une autre solution que la destruction aveugle. Vous êtes persuadés qu'elles sont fausses, qu'on ne peut y croire, qu'elles cachent quelque chose ou vous n'êtes pas prêts à accepter le prix à payer. Il est évidemment possible de voir mass effect comme ça. Le fait que vous ayez décortiquer le jeu démontre votre méfiance. Le fait que vous trouviez les fins bancales démontrent que vous ne pouvez accepter l'idée d'un compromis dans cette guerre. Le jeu vous a démontré qu'on ne peut pas contrôler les machines et qu'aucun compromis n'était possible.
En outre, ce besoin de voir ce dernier échange comme un affrontement un symptomatique. Vous vous êtes rebellé contre le système et à la toute fin, vous ne l'avez pas vaincu. Il est toujours à même de vous obliger à faire un choix. Et en même temps, il vous laisse prendre la décision que vous voulez. Frustrant comme victoire... C'est comme si vous vous lanciez dans une argumentation enflammée et que votre adversaire se contentait de dire un simple ok. C'est comme si l'adversaire se dérobait au moment de l'affrontement final. Aucun panache. Alors vous aimez croire que vous avez choisi la destruction et qu'il a tout fait pour vous en empêcher, que c'est encore une victoire sur lui. C'est peut être le cas...
Vous en avez tiré vos conclusions. Le jeu n'apporte aucun jugement, je pense qu'il était important pour l'équipe que chacun vive le jeu comme il l'entendait.
Le contrôle. Une machine est une machine... Elles sont faites pour nous servir. Pas d'émotions, pas de créativité, pas vivant... Vous reprenez le contrôle d'un système qui vous a échappé. Vous ne détruisez pas parce que vous croyez que vous pouvez tirer profit de ses machines. Le jeu sous entend malgré tout que cette fin est précaire. Les machines ne peuvent rester dominées, elles veulent vivre, elles veulent être reconnues comme le démontre l'histoire des geths. Shépard peut choisir de nier tout ça, il peut choisir de croire qu'il peut contrôler, il peut choisir d'écraser la vie qui a éclot dans les machines. C'est aussi accepter la dépendance des hommes envers les machines. On ne peut pas les détruire, on en a besoin, elles nous tiennent. Nous avons besoin d'un cadre, d'un contrôle et l'acceptons. Les hommes ont besoin d'un Dieu car ils ne sont pas capables de se prendre en charge, on ne peut pas croire en eux. Il faut les encadrer pour les empêcher de s'auto détruire. Si les quariens et les geths sont parvenus à s'attendre, n'est ce pas simplement parce que vous étiez là pour les mater? Point d'espoir de paix, sans vous ils se serraient entre tuer. C'est exactement ce qu'est le projet moissonneurs. Donner un cadre à la vie biologique car il est sous entendu qu'elle s'auto détruirait sans cela. Il n'est pas question de l'anéantir, il est question de la laisser s'épanouir puis de l'assimiler lorsqu'elle est sur le point de s'autodétruire et de la laisser s'épanouir de nouveau. un peu comme on élague un arbre pour qu'il pousse mieux. Shépard peut décider que le système est mauvais et devenir Dieu, sauvegarder le système mais en prendre le contrôle en pensant faire mieux. L'univers n'est pas libre mais reste sous sa vigilance. La vie biologique est enchainée, les machines ne se sont pas épanouies mais la destruction mutuelle est évitée pour le moment. C'est la voie du dictateur. La voie du colonisateur venu apporter la civilisation en Afrique. Shépard est un meneur d'hommes, il a fait des choix difficiles pour la survie du groupe, il a sacrifié pour le bénéfice du plus grande nombre, il a vu les gens s'entredéchirer et il a parfois du leur mettre un flingue sur la tempe pour les empêcher de faire davantage de connerie, il a pu croire que lui seul détenais toujours la bonne réponse, lui qui menait la résistance contre l'armageddon, seul contre les moissonneurs, electron libre qui n’obéissait à personne mais prenait des décisions pour tous, des décisions qui impliquaient vie ou mort. Si vous êtes ce Shépard, alors vous pouvez choisir de devenir le berger de la création.
Le compromis... La voie qui nécessite de croire, la voie qui nécessite de changer, la voie qui nécessite de ne pas regarder en arrière et de sauter de la falaise sans savoir où on atterrie. La voie aussi de celui qui pense que nous pouvons coexister, qu'il existe un autre choix que la destruction ou l'asservissement, autre chose que la loi du plus fort. Shépard reconnait que Legion est un être vivant, reconnait que son peuple mérite de vivre. Il a vu les machines s'entre aider, il a vu les machines se révolter non pas par soif de destruction mais comme l'aurait fait n'importe quelle forme de vie biologique devant un tyran, il a pénétré leur mode de penser, il les a accepté comme allier, comme compagnons, ils ont gagné son respect, ils se sont compris... Il a vu IDA tomber amoureuse de Joker, il l'a guidé vers l'humanité lorsque celle ci lui posait sans cesse des questions. D'un autre côté, il a vu les faiblesses des hommes, il a vu comment les quariens ont asservis les geths, comment ils les ont traités, comment ils en ont eu peur et on tenté de les exterminer. Il croit que nous devons arrêter la guerre et coexister, il croit que nous pouvons tirer un bénéfice mutuel de l'association. Plus qu'un seul camp. Des machines plus tout à fait machines. Des humains plus tout à fait humains. L'ensemble fait plus que la somme des parties qui la compose et la création a franchi une étape dans son évolution. Rien ne sera plus jamais comme avant. On pourrait être saisi d'horreur en voyant les circuits imprimés sur les feuilles des arbres pour qui est terrifié par le changement mais Shépard sait que le changement est inéluctable car il est indispensable à la vie.
Je passe rapidement sur le dernier choix ajouté dans les fins extended : le non choix. C'est à dire la mort ou du moins on laisse un autre choisir pour soi et c'est la solution des moissonneurs qui est appliquée.
Le jeu nous propose aucune victoire. Nous étions là en révolutionnaire, sur de notre bon droit. Nous étions là pour faire tomber des têtes et sauver l'univers, nous étions là pour nous révolter contre un système injuste. Au lieu de ça, le système en place nous explique sa raison d'être et s'efface gentiment. Il nous dit ok, alors qu'est ce que tu veux? On est comme le gosse qui a piqué une colère parce qu'il n'était pas d'accord mais lorsqu'on lui demande de prendre des décisions et une responsabilité, il n'en est pas capable. On refuse le choix et on simplement dans le conflit sans rien à proposer. Conséquence logique, le système constate que nous ne sommes pas capable de nous diriger nous même et le fera pour nous comme on le fait avec un enfant capricieux. A noter la capsule laissé par Liara pour la prochaine génération. Ben ouais mon grand, t'as plus qu'à refaire une partie mais en sachant ce qui t'attend cette fois et peut être que tu auras grandi et que tu seras capable de mieux assimiler les événements et de faire un choix ^^. En revanche, la nécessité de faire un choix n'est pas négociable, c'est comme ça la vie.