J'ai lu 3 bd de lui : "le gout du chlore", "dans mes yeux" et "elles".
Ce sont 3 BD au style graphiques différents pour chacunes mais dont le thème est toujours le même : les (jeunes) femmes et le sentiment amoureux chez l'ado/jeune adulte. En regle général, la narration est extrêmement intimiste, se focalisant énormément sur les mimiques et les attitudes contrastant avec des dialogues anodins. On retrouve toujours un mec un peu à coté de la plaque et désespérément romantique en interaction avec des filles banales mais pourtant très souvent magnifiées.
Elles:
C'est surement sa BD la plus conventionnelle (narration, style graphique) mais aussi la moins marquante. La BD se focalise sur les déboires de 2 copines qui croiseront le chemin d'un petit dessinateur de bd effacé, manquant cruellement de confiance en lui.
extrait:
Le gout du chlore:
Style épuré et simpliste. Une narration extrêmement lente et très peu de dialogue. La fin s'avère assez frustrante.
Un jeune homme, maigre, visage ingrat (ado), timide, se voit forcé d'aller à la piscine toutes les semaines pour guérir sa scoliose. Il y rencontra une charmante nageuse très talentueuse. Tout reste dans la simplicité, la pudeur. L'essentiel du récit passe par les regards, les attitudes, les non dits (c'est le cas de le dire).
extrait:
Par mes yeux:
Uniquement au crayon de couleur. La rencontre d'un jeune homme qu'on ne connait pas avec une petite rouquine étudiante. Tout le long de la BD, on voit uniquement au travers des yeux du jeune homme qui lui n'a d'yeux que pour la jeune femme. Seules les paroles de la femme sont retranscrites, celles de l'homme sont implicites.
Authentification extrêmement forte. Il nous propose de partager sa vision magnifiée d'une femme qu'il parvient à rendre extrêmement vivante et expressive avec pourtant un trait très simple mais diablement efficace. Normalement, cette BD devrait rappeler des souvenirs de rencontre ou premiers émois amoureux à n'importe qui. J'ai beaucoup aimé.
Extrait:
La façon dont l'auteur décrit les femmes me rappellent étrangement beaucoup de mes rêves de petit (et plus grand) garçon. Au final, il place les femmes sur un pied d'estale, et la relation est toujours plus ou moins un échec. La fille est inaccessible et ressurgit souvent le spectre de l'incompréhension et des clivages homme/femme. Le fait est le non aboutissement de la relation est un facteur déterminant pour la magnifier. On est en pleine cristallisation émotionnelle.
Le postulat est toujours le même : craquantes, séduisantes, imparfaites, fragiles, inaccessibles (on ne fait que les toucher du bout des doigts). A noter aussi le passage ou le garçon refuse la femme qui s'offre à lui et qu'il désirait pourtant -> incapacité à concrétiser, il a lui même fait de la femme un être intouchable.
L'auteur m'a beaucoup marqué de par les échos de ce qu'il évoque avec ma propre personnalité (à savoir autiste émotionnel). La façon qu'il a de retranscrire ses choses avec beaucoup de justesse, de simplicité et d'efficacité est marquante. Nul doute aussi que l'authentification est un élément majeur de ses histoires. Si j'ai énormément projeté dans son récit c'est peut être aussi qu'il me l'a habilement permis (ou alors cette façon de penser est plus universelle qu'il n'y parait).
La guerre des femmes toujours sur les mêmes thèmes (incompréhension homme/femme) mais traités différemment sur le blog de l'auteur:
http://bastienvives.blogspot.com/