Attention, cet article dévoile des éléments clefs du premier F.E.A.R.
Si vous voulez conserver la surprise, jusqu’à la fin, abstenez vous de le lire.
L’article a pour but de vous présenter une interprétation nouvelle et originale du jeu F.E.A.R. Certains arguments vous sembleront certainement capilo-tractés mais je tiens à souligner que les concepteurs du jeu eux même, par égards aux codes de l’horreur, on construit F.E.A.R. de telle sorte que le doute plane et que le joueur puisse tirer ses propres conclusions quand à « l’explication » (s’il doit y en avoir une) du phénomène. Il est plus que probable que FEAR 2 démente cette théorie que je trouvais pourtant plus séduisante car plus « psychologique » et vicieuse que celle communément admise. Pour ceux qui se diront que c'est n'importe quoi parce qu'ils n'ont jamais vu une telle hypothèse sur le net, c'est maintenant chose faite .
Une petite piqûre de rappel :
Le jeu se passe dans un univers proche du notre et légèrement futuriste. Vous faites parti d’une unité commando d’élite dédié aux affaires « surnaturelles ». Un nouveau bataillon expérimental de soldats contrôlés télépathiquement a vu le jour mais le commandant a pété les plombs pour dévier dans un trip mystique tinté de cannibalisme et à la tête de ses hommes, il se livre à des actes terroristes et autres massacres organisés. Naturellement, vous êtes appelés à lui barrer la route. Vous partez donc armé d’une mitrailleuse et d’une lampe qui éclaire aussi bien que la diode porte clef qui vous sert à voir votre serrure quand vous rentrez tard le soir (l’autonomie en moins). Vous voilà maintenant paumé dans une suite de couloirs exigus où on ne voit pas à plus de 2 mètres tellement il fait sombre. Entre 2 affrontements contre les commandos ennemis, entre délires hallucinatoires et cauchemars éveillés, vous croiserez l’ombre de la petite Alma. Alma est une sorte de poltergheist, une petite fille dans le style Sadako de the ring et vraisemblablement capable d’éviscérer les gens d’un simple regard. Alma se plait à vous observer et à apparaître devant vous plus ou moins fugitivement et contribue grandement à faire monter votre stress. Passons maintenant au dénouement de l’histoire. Alma serait en fait une puissante télépathe sujette à d’abominables expériences l’ayant rendues complètement folle. Elle a eu, en laboratoire, 2 enfants ayant hérité d’une partie de ses capacités et qui ont été destinés à servir à des fins militaires. Le pouvoir d’Alma étant devenu incontrôlable, celle-ci fut enfermée, isolée, au fin fond d’une installation prévue à cet effet. Seulement voila, à de brefs intervalles, Alma semble toujours capable de se synchroniser avec son fils qui n’est autre que le fameux commandant télépathe qui se met à péter les plombs et tentera de libérer Alma. Vous, le second fils caché d’Alma, tenterez de le contrôler. Vos pouvoirs semblent se matérialiser par d’incroyables réflexes mais aussi une sorte de réceptivité au pouvoir d’Alma. Au final, vous tuez votre frêre, vous apprenez qu’alma est morte depuis longtemps mais que son esprit a perduré de part sa puissance psychique. Elle est finalement libérée, tout explose et vous vous enfuyez à bord d’un hélico (le jeu coupe sur la vision d’alma grimpant à bord avec vous).
Fin de l’histoire.
Maintenant, il est plus que temps que je vous dévoile mon idée directrice. Alma est morte ! Je veux dire vraiment morte. Je pense qu’elle n’est pas responsable ou du moins pas directement des événements décris dans le jeu.
Pourquoi ?
Parce que je n’ai pas perçu FEAR comme étant du surnaturel ou une histoire de fantômes si vous préférez mais plutôt comme étant de la science fiction. La frontière peut être mince mais la principale différence est que cette distinction force à chercher des solutions plus « rationnelles ». Vous me direz pourquoi accepter la télépathie et pas les fantômes ? Parce que la télépathie est un thème récurrent de la SF et qu’il est communément admis que l’humain n’exploite par encore tous son potentiel or celui-ci a beaucoup excité l’imaginaire des auteurs de SF.
De plus, vous me direz que la vraisemblance n’a pas de sens dans ce genre d’histoire mais je répondrais que c’est faux. Les histoires ont une cohérence et ce genre d’univers suppose des règles avec un domaine du possible et un domaine de l’impossible. On ne parle pas de fantômes dans terminator par exemple. Si je peux expliquer les événements du FEAR sans avoir recours à la notion de fantôme, j’estime être plus « crédible » ou « cohérent ».
Une question doit vous trotter dans la tête depuis un moment : mais qui est responsable de tout ça si Alma n’est pas Alma ? La réponse fait écho à de nombreux films d’horreurs. Plutôt que de mettre tout ça sur le dos d’une morte, cherchons du côté des vivants : le héros et son frère qui sont également télépathes. N’avez-vous jamais remarqué que de nombreux films ont présentés l’horreur absolue comme étant une abstraction purement humaine ? La matérialisation de notre noirceur la plus intime et personnelle ? Au final, la peur nous renvoi toujours à nous même (comme les ténèbres semble-t-il or ces dernières prédominent dans FEAR). Je crois que FEAR, tout comme la célèbre série Silent Hill, ne déroge pas à la règle.
Et si le héros ainsi que son frère étaient complètement fous et que leurs pouvoirs psychiques donnaient une réalité à leurs délires, leurs peurs, leurs traumatismes ? N’avez-vous pas remarqué comment le héros semblait sombrer dans la folie ? N’avez-vous pas remarqué ces hallucinations qu’il est le seul à voir? Son traumatisme lié à sa naissance ? Son coté taciturne et son manque de réaction face à ce qu’il voit comme s’il était coutumier de voir des gens partir en cendre ou de parler à des gens qui ne sont pas vraiment là? L’absence totale de dialogue avec son équipe pour tout ce qui touche Alma ? Traquer un commando commandé télépathiquement et avoir affaire au fantôme meurtrier d’une petite fille sont 2 choses totalement différentes or le FEAR ne semble absolument pas s’intéresser à Alma qui constitue pourtant le seul élément surnaturel de l’histoire. J’en déduis que seul ce combat contre le commando est réel. Les cadavres mutilés le sont aussi mais je crois que le héros, dans son délire et à l’aide de son pouvoir latent, les a tout simplement tué quand ce n’était pas son frère.
L’élément qui a finit d’enfoncer le clou pour moi est la conclusion : Alma est morte ! Il est dit clairement dans le jeu « les morts ne reviennent pas ». Au final, on s’enfonce dans un complexe pour remonter aux origines du mal et on trouve quoi? Qu’avez-vous vu concrètement ? Rien du tout à part un tube opaque extrait d’une boule, un véritable feu de paille. Oui les phénomènes s’accentuent mais qu’est ce qui empêcherait le héros et son frère de s’infliger tout ça inconsciemment ? Qu’est ce qui empêche le héros de tuer Wade lui-même en projetant l’image d’Alma ? Après tout, ça se passe juste sous ses yeux. Le combat final n’est il pas un combat contre lui-même ? N’a-t-il pas lieu au plus profond de la psyché du héros avec cette naissance cauchemardesque et le manque évident d’une figure maternelle ? Depuis quand est ce efficace de tirer au pistolet sur des ombres fantomatiques si celle-ci ne sont pas des hallucinations produites par le héros lui même ? On dit qu’il ne faut pas libérer Alma mais comment libérer une morte ? A-t-elle vraiment été libérée ? Au final, le héros fait tout sauter mais Alma lui apparaît dans l’hélicoptère. La seule et unique chose qui est sortie de ce complexe, c’est le héros. Alma est libre et ira là où il ira car Alma vit à travers lui.
Comprenons nous bien. Alma a existé et Alma est bien la mère de Fettel et de l’agent du FEAR. Il est possible qu’Alma est gravé quelque chose dans leur esprit de son vivant (lors du premier synchronisme par exemple) mais je ne crois pas qu’elle soit responsable de ce qui se passe dans le jeu pour la simple et bonne raison qu’elle est morte. Au final, cela ne change pas grand-chose. Il s’agit simplement de présenter un « fantôme » comme étant un souvenir imprimé dans le cerveau des vivants plutôt que comme une entité psychique autonome.