Alors première chose (parce que sinon on va me le refoutre dans la gueule pour me dire que je dis de la merde sans même avoir pris la peine de lire ce que j'ai écrit) : j'ai lu tout le thread. Je répète : j'ai lu tout le thread.
Deuxième chose : des choses intéressantes ont été dites (j'ai beaucoup ri devant la première participation de Deacon, l'imaginant derrière son écran, les yeux hagards et rouges, fixant tristement une bouteille d'alcool fort déjà trop vide à son goût)(et ceci est une interprétation purement personnelle et entièrement inventée (owi fantasmée) de la situation dans laquelle Deacon a pondu son truc), je vais donc apporter ma pierre en répondant au post d'origine, sans prendre le contre-pied de tout ce qui a été dit (surtout parce que j'ai pas envie de faire un post qui occupera à lui seul 3 pages entières).
Donc.
Est ce qu'on peut n'aimer qu'une seule personne.
Absolument pas. C'est strictement et totalement impossible. En quoi ? Réponse dans la troisième partie.
Est ce qu'on peut aimer plus d'une personne à la fois.
Du coup oui.
Pourquoi, comment?
Bon, pavé, que dis-je, parpaing, que dis-je, dissertation, que dis-je, mémoire, que dis-je, essai time :/
Définissons tout d'abord les différents types d'amour : l'amour pour des choses matérielles, l'amour pour des choses immatérielles, l'amour pour des êtres animaux, l'amour pour des êtres humains.
[[Bordel, ça en fait. J'avais mon truc dans la tronche bien agencé et tout avant de commencer à écrire, et je m'aperçois juste là que ça va juste être multiplié par 4, en fait. ]]
1. L'amour pour des choses matérielles : chacun aime ses objets. Ses meubles, son canapé, son lit (surtout son lit, en ce qui me concerne), sa télé, ses consoles, sa table, ses chaises, sa gazinière, son four. On a tous un certain attachement envers nos objets, parce qu'ils ont la forme de notre cul, l'odeur de monsieur/madame, ou qu'on connait leur utilisation par coeur. D'ailleurs, si on pète son câble à ce point dès qu'il faut changer la moindre machine en rade, c'est pas seulement une question de fric.
2. L'amour pour des choses immatérielles : on aime le soleil, le vent, le froid, la neige, la mer, la montagne, le silence, le ronron du moteur de la voiture dans la nuit froide.
Toutes ces choses, matérielles et immatérielles, on les aime. Mais peut-on appeler ça de l'amour ? Aimer et amour ont la même racine, mais si on distingue communément l'amour pour l'être cher de l'attachement que l'on peut avoir envers un objet, le verbe aimer, lui, ne fait pas de distinction : au sens strict des mots, on aime chéri(e) de la même façon qu'on aime son plumard (je ne sais pour lequel des deux c'est le plus vexant).
J'ai volontairement choisi les deux trucs les plus courts en premier. On garde le meilleur pour la fin. *va chercher un bidon d'essence*
3. L'amour pour les animaux : ah, on arrive à un truc intéressant. Ses animaux, on les aime. Son chat, son chien, son canari, son poisson rouge, sa poule, son furet, son caméléon, son alligator nain, on l'aime. Ce sont des êtres vivants, doués d'émotions, de sentiments et d'intelligence (apparents, diront les plus cartésiens), et une interaction humain-animal impliquant des sentiments est réellement possible, à un niveau presque aussi élevé que l'interaction humain-humain. À ceci près que l'animal reste inférieur et, la plupart du temps, soumis, ce qui restreint fortement l'amplitude des interactions possibles, socialement parlant. Ainsi, si la relation avec un animal est particulièrement enrichissante pour l'humain, elle se révèle vite limitée et répétitive, se contentant de reproduire à l'infini un même schéma. C'est pourquoi l'amour d'un humain envers un autre humain, lorsqu'il existe, sera toujours plus fort que l'amour d'un humain envers un animal (les rares personnes qui prétendent préférer la compagnie des animaux à celle des humains sont des menteurs et/ou des ignorants).
Les 3 types d'amour sus-cités existent parce qu'ils apportent, chacun à leur manière, des plaisirs à l'humain. Des moments agréables, des sensations de plaisirs, un certain épanouissement (et vive l'endorphine, effectivement), et contribuent à son bonheur.
C'est là leur raison d'être.
4. L'amour pour les humains : on attaque le gros morceau. On distingue trois types de personnes envers lesquelles un humain peut ressentir de l'amour : la famille, les amis, les "spéciales".
a) la famille : au sein de cet amour, on peut distinguer plusieurs types d'amour, et au sein de ces différents types d'amour, plusieurs intensités. Mais c'est un classement très théorique, car dans les faits, c'est beaucoup, infiniment plus complexe que ça. Ainsi, on n'aime pas de la même façon ses parents et ses grands-parents, et parmi ses grands-parents, on n'aime pas forcément ses deux grands-mères aussi fort. Ni forcément de la même façon. Si l'amour pour la famille dite "du haut" (les parents et tous les vieux en général) n'est pas forcément indéfectible, en revanche, on remarque un lien beaucoup plus fort, à la fois en intensité et dans le temps, presque indestructible, pour la famille dite "du bas" (ses propres enfants).
b) les amis : on aime ses amis, on ressent pour eux de l'amitié. Amis, amitié, aimer, amour, tout ça c'est la même racine, et c'est pas pour rien. L'amitié est une forme d'amour particulière, aussi particulière que celui pour la famille, puisque c'est un amour asexué. On remarque souvent que l'amitié peut être plus forte et plus résistante que l'amour avec un gros A (cf c) ). Ce qui peut prêter à interrogations, car bien souvent, dans nos sociétés, la notion de bonheur et de plénitude absolue est associée au combo amour + épanouissement sexuel avec une seule et même personne (à la fois).
c) les "spéciales" : Le Bon/La Bonne, l'être cher, l'être aimé, le Prince Charmant, ZE big love, bref, que de paraphrases hyperboliques pour désigner une personne spéciale que l'on ne peut classer ni dans la famille, ni dans les amis. À noter que bien souvent, ami et personne spéciale peuvent être confondus. Plus rarement, famille et personne spéciale peuvent l'être aussi, même si nos sociétés proscrivent toute relation amoureuse et/ou sexuée de ce genre.
Certains diront que cette personne spéciale, c'est juste un(e) ami(e) sexuellement compatible avec soi. Ou que ça n'existe pas.
Mais le fait est que cet amour existe, et se différencie de tous les autres en ce qu'il est une forme extrême d'égoïsme et d'égocentrisme.
On aime une personne de cette façon uniquement pour soi-même, pas pour elle ou pour quelqu'un d'autre. On l'aime pour l'image qu'elle nous renvoie de nous-mêmes, et on l'aime parce que c'est la seule personne au monde, à notre connaissance à un moment T, à posséder des choses qui sont à même de nous rendre plus heureux qu'on ne l'a jamais été. Dans cette optique, oui, il est tout à fait possible d'aimer de cette façon plusieurs personnes : quand on découvre une personne qui est à même de nous rendre plus heureux que celle avec qui on se trouve actuellement, cela ne signifie nullement que la première n'a plus les qualités requises pour nous rendre heureux. Cela signifie juste qu'elle est dépassée par une autre. Et dire d'un seul coup, sous prétexte qu'on a trouvé la personne Y, qu'on n'aime plus la personne X, ça n'a aucun sens ni aucune vérité.
Cet état de fait est mis en scène depuis des décennies dans les publications cinématographiques et télévisuelles, et depuis des siècles dans la littérature.
En ce qui concerne les relations amoureuses à proprement parler, y a beaucoup à dire. Beaucoup a déjà été dit, et je vais répéter des trucs déjà dits.
Mais sans discussion préalable concernant les limites à fixer (ou à ne pas fixer), une fidélité absolue est de mise. Car une relation amoureuse, ça n'est pas uniquement une histoire de sentiments, concept trop volatile et changeant, ou seulement une histoire de cul, là encore trop volatile et changeant, ou seulement les deux. Commencer une relation amoureuse, c'est avant tout s'engager envers une personne. L'engagement peut varier, c'est pas forcément "t'es à moi et si un(e) autre louche sur toi, j'y défonce sa mouille". Ca peut être aussi bien s'engager à ne pas dépasser une certaine limite avec le sexe opposé, que s'engager à tout faire pour coucher avec un(e) autre histoire de pas faire culpabiliser le partenaire qui, lui, ne se gênera pas. Y a autant d'engagement différents que de personnes différentes.
Bien entendu, pour que la relation réussisse et soit durable, si tant est que ce soit la volonté des deux parties, il faut que chacun des deux sache dans quoi il s'engage, et l'accepte sans condition. De la même façon, pour que la relation réussisse sans être durable, il faut que chacun des deux sache que cette relation peut prendre fin à tout moment sur une décision unilatérale (suite à une divergence de chemin de vie, genre y en a un qui se met à vouloir subitement 18 gosses alors que l'autre n'en veut toujours pas), et adhère à ce principe.
Tout est une question de discussion et de savoir dans quoi on fout les pieds.
Mais en l'absence de toute discussion, il est nécessaire de supposer qu'une fidélité absolue à l'autre est requise, puisque c'est le modèle hérité de nos sociétés anciennement chrétiennes.
[Placez ici la transition de votre choix.]
L'amour est une forme très avancée d'égoïsme, parce que quand on aime une personne, certes on veut son bonheur, mais...de préférence avec nous ! On s'en bat les couilles qu'elle soit heureuse avec quelqu'un d'autre, putain c'est pas ça l'amour ! "Je t'aime plus que tout, je t'aime plus que moi, je t'aime plus que ma vie" et mon cul, c'est des chicken wings sauce barbecue ?!
*3615 Raconte Ta Lyfe (même si tout le monde s'en tamponne les nougats)* Lors de ma première vraie relation amoureuse (vraie = qui aurait pu déboucher sur une vie commune), j'ai été trop gentil, trop "ton bonheur, peu importe avec qui, c'est mon bonheur", drama-queen, fleur bleue, pucelle de conte de fées et toutes ces conneries. Au lieu d'être intelligent et de lui dire "tu restes là pétasse, moi je t'aime, toutes les autres petites bites ils ont rien à péter de ce que t'as dans la gueule, tout ce qui les intéresse c'est ton cul, ouvre tes putain de zyeux connasse de merde, je t'aime pour de vrai moi et je veux que tu sois heureuse avec moi bordel". Elle a fait quoi ? Bah elle a été voir ailleurs, cette bonne blague ! Elle pouvait rendre deux mecs heureux en étant avec un seul, autant laisser la pucelle-conte-de-fées sur le carreau, il sera heureux de toutes façons !
Dans ma seconde vraie relation, j'ai été égoïste à mort. Elle hésitait entre deux, et je lui ai dit "choisis-moi, moi je t'aime vraiment" et tout le blabla habituel, alors que je n'étais même pas totalement sûr moi-même de où j'allais (ouais, gros connard en plus d'être égoïste). Résultat, ça fait 5 ans que je suis avec, et elle comme moi on n'a jamais été aussi heureux. On converge sur la plupart des trucs importants, et les très nombreuses divergences concernent des détails insignifiants (ce dont on se fout royalement, parce que chacun de nous a encore l'espoir de réussir à convertir l'autre, ou au pire de le faire céder).
Nan parce que le célibat, bouffer ses nouilles tout seul devant la téloche, se secouer le shaker devant des films de boule, occasionnellement tirer sans conviction ni passion (mais avec capote, damned) des pétasses râclées dans la boite du coin, ça va deux minutes.
Tout ça pour dire que l'amour est égoïste, par essence. Parce que si tu l'es pas, tu l'as pas.
Insérez ici votre fromage.