Je précise aussi que je ne m'intéresse pas à la différence physique, puisque, si borné que cela puisse être, j'estime que quelqu'un pour qui la différence physique (couleur...)
Premier truc qui me fait gerber : la différence physique est forcément de l'ordre de la couleur de peau ?
Pour moi la différence physique, c'est une longueur ou une couleur de cheveux, une coiffure, une façon de s'habiller, une taille, une corpulence, une façon de se tenir (démarche), tout ça bien avant d'être une couleur de peau. C'est la forme d'n visage, c'est le mouvement des lèvres lorsque la personne parle, c'est la façon de regarder.
D'une, limiter la différence physique à la couleur de peau, c'est vraiment très obtus. Et de deux, vouloir parler d'intolérance en excluant justement la couleur de peau, qui est le premier critère d'intolérance (premier en terme d'"ordre d'arrivée", mais aussi premier en terme de causes d'intolérance), ça devient carrément nébuleux.
Car pour être intolérant envers une personne en fonction de ses qualités et/ou de ses défauts, il faut déjà les voir, ses qualités et ses défauts. Et pour les voir, il faut un minimum connaitre la personne.
Et quand on la connait, soit on l'apprécie pour ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas, et/ou malgré ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas, soit on ne l'apprécie pas, pour et/ou malgré ce qu'elle est et n'est pas.
Après, il est très compréhensible que l'on rejette une personne parce qu'elle possède une qualité que nous aimerions avoir, ou parce que nous l'avons, mais moins développée. Mais soyons lucides, on sait tous que les personnes qui en rejettent d'autres pour cette raison, elles prétextent des excuses bidon pour justifier leur rejet, tellement elles ont honte de dire "je l'aime pas, parce qu'il est mieux que moi".
Et si elles ont honte, c'est parce qu'elles savent que c'est stupide comme attitude.
Et effectivement c'est stupide, car alors comment expliquer que l'on apprécie les héros de cinéma et que l'on rejette de vraies personnes, pour exactement une même raison ?
Un exemple concret pour mieux comprendre : deux amis d'enfance sortent de leur cours de karaté et se rendent à la supérette du coin pour acheter des boissons. Alors qu'ils sont dans les rayons, un braqueur entre, arme au poing, et menace la caissière. Les deux amis restent cachés près de la caisse, derrière un rayon, avec d'autres clients. Soudain, le braqueur tourne le dos pour surveiller l'entrée du magasin. L'ami A, ceinture bleue, se précipite sur lui et, grâce à ses cours de karaté, désarme le braqueur et le met KO. L'ami B, ceinture noire, donc bien plus expérimenté, s'est pissé dessus.
Et là, une des journaux nationaux, un citoyen lambda sauve 40 clients et une caissière au Shopi de Chimoux-la-Vallée, le héros du jour, et tout le tralala.
Depuis ce jour, sur impulsion de l'ami B, les deux hommes cessent d'être amis.
Pourquoi ?
Parce que B est bien plus doué que A, mais B n'a pas de couilles. B avait une chance d'être un héros, mais il en veut à A qui, lui, a eu le courage de saisir cette chance, contrairement à A.
Maintenant, oubliez ce que vous venez de lire, et observez cette phrase : Antoine déteste Benoit parce qu'Antoine n'est pas courageux.
Sans le contexte, cette phrase est-elle compréhensible ?
Réponse : non. Pourquoi ?
Parce que détester une personne à cause de ses propres défauts, c'est STUPIDE. Et ne pas l'admettre, ni en face des autres, ni à soi-même, c'est ENCORE PLUS STUPIDE (et ne me dites pas que j'ai des opinions tranchées : ceci n'est pas une opinion).
Je pense qu'il serait bénéfique pour tous de ne pas diaboliser la différence. Je pense que ça ne troue pas le cul de se dire "il a ses choix et ses raisons, la vie fait qu'ils sont différents des miens".
Pas d'accord. Beaucoup trop de gens, en ce monde, se plaisent à dire que tout est histoire d'opinions. Qu'on peut avoir des avis sur tout, et qu'il n'y a aucune vérité universelle. C'est très confortable, car non seulement ces gens-là peuvent légitimement se défendre des jugements qu'on leur apposerait, mais en plus, ils peuvent prétendre qu'ils ne jugent jamais personne, justement parce que tout est histoire d'opinions (les politiciens sont les plus forts à ce petit jeu).
Or c'est faux. Il y a des vérités universelles, et ceux qui n'y adhèrent pas et qui n'adhère pas à ce principe, que ce soit parce que "tout est histoire d'opinions" ou par ignorance, ces gens-là sont juste des cons.
Préférer les films d'action aux comédies, oui. Opinion.
Dire que Sarkozy a été un bon président (pour prendre un exemple récent), non. Vérité universelle : c'est un connard, raciste et arriviste qui a ruiné la France et qui s'est enrichi (plus que ses prédécesseurs, j'entends).
Préférer l'UMP et la droite en général : oui. Opinion là aussi. Mais refuser, pour cette raison, d'admettre que Sarko a été mauvais, ça c'est stupide.
Il y a un point où tu devrais te demander si c'est parce que quelqu'un t'a appris quelque chose que c'est cette chose là qui est la bonne. Notamment quand ce quelqu'un l'avait appris 30 avant d'un autre, qui l'avait appris 30 ans avant d'un autre...
Les parents nous éduquent, et les profs nous instruisent. Si ça ne se passe pas comme ça, il y a un problème dès le départ.
Anyway. De mon point de vue, les parents nous donnent à voir une vision du monde. La leur. Arrivés à un certain âge, nous sommes suffisamment instruits et sages pour nous rendre compte que cette vision n'est non seulement pas la seule, mais en plus pas forcément la bonne. On peut même se demander s'il y en a une qui soit bonne, ou bien si elles sont toutes, tout simplement, valables. Quand ce jour arrive, nous lâchons la main de nos parents, aux côtés de qui nous marchions depuis toujours, et nous empruntons la voie que nous désirons. Ce peut être la même, ce peut en être une autre.
Mais nous ne pensons pas comme on nous a appris à penser. Nous pensons comme nous voulons penser, en nous appropriant tout ou partie de ce qu'on nous a enseigné, en fonction de la façon dont on considère, avec la sagesse et le recul, ce qu'on nous a enseigné.
Donc pour ma part, il n'y a pas à se poser cette question, sauf si on a 12 ans. Ce n'est pas parce que telle façon de penser nous vient de l'arrière-arrière-arrière grand-père qu'elle est forcément mauvaise, et de même, ce n'est pas parce que telle autre façon de penser est actuelle qu'elle est forcément bonne.
Bref, refermons cette parenthèse et ces longs paragraphes concernant des détails de ton argumentation, pour enfin nous attaquer au gros morceau. Au sujet, en somme.
Et pour ça, je vais prendre appui sur cette énième lapalissade :
Je pense que rejeter l'autre revient à rejeter une part de soi.
On rejette l'autre pour deux raisons possibles : soit on le connait et on ne l'aime pas, soit on ne le connait pas mais on le sait différent (couleur, culture, religion, morale, etc.).
On peut ne pas aimer quelqu'un pour des tas de raisons. Personnellement, par exemple, je n'aime pas les gens qui ont des opinions sur des sujets sur lesquels on ne peut pas avoir d'opinions (cf vérités universelles) ; les gens qui ont des opinions faussées par des connaissances biaisées/incomplètes/erronées ; les gens qui me traitent d'intello sous prétexte que j'écris et parle sans faire de faute et avec les mots appropriés
; les gens qui se croient plus intelligents et/ou plus cultivés parce que plus âgés/plus expérimentés.
Mais il ne me viendrait jamais à l'idée de rejeter quelqu'un sous prétexte qu'il possède des qualités que j'aimerais posséder !
Pour la bonne et simple raison que de mon point de vue, avoir des qualités, ça n'est qu'une question de volonté. Le courage, la patience, l'altruisme, l'écoute, la détermination, l'abnégation, tout ça c'est des qualités. Et les avoir ou pas, ça ne tient qu'à chacun d'entre nous. Il suffit de le vouloir. C'est un travail sur soi-même, ça peut prendre quelques jours ou ça peut prendre toute une vie, mais ça n'est qu'histoire de volonté.
Exemple avec ma vie (encore) : il y a quelques mois, nous étions à la piscine, ma copine, sa mère et moi, dans une longue file d'attente. Arrivés enfin aux caisses, un resquilleur attendait là, et pestait contre tous les gens qui, selon lui, lui passaient devant. Etant donné qu'il s'agissait d'un jeune homme de 14 ans, qu'il s'exprimait de manière extrêmement vulgaire, et que "les gens" en question, à ce moment-là, c'était nous, ma copine lui a dit un peu sèchement "si, y a une file d'attente, elle commence là-bas, tout au bout". Le jeune homme a commencé à insulter ma copine (qui est une adulte, je le précise), à coups de "ferme ta gueule" et de "va te faire enculer grosse pute". Naturellement, la mère de ma copine est intervenue et a commencé à lui faire la leçon, en bonne mère qu'elle est. Le jeune homme s'est contenté de répéter en boucle, par intervalle d'une seconde et demie environ, avec un ton particulièrement méprisant : "ta gueule" (14 ans, je le rappelle, hein). Elle a abandonné, et a terminé par "y a vraiment des tartes dans la gueule qui se perdent, on se demande ce que font les parents".
Le jeune homme a, semble-t-il, été piqué au vif (ou avait juste envie de foutre encore plus sa merde), puisqu'il a agressé ma belle-mère : "vas-y t'es qui ? T'es qui là, pour me parler comme ça ? Hein t'es qui ?". Et de répéter ça en boucle, entrecoupé de "ferme ta gueule sale pute" chaque fois que ma belle-mère tentait d'ouvrir la bouche.
Je ne dirais pas que je suis un lâche, parce que ce serait plutôt faux, mais je fais systématiquement tout, dans la vie, pour éviter les conflits inutiles (c'est-à-dire environ 99% des conflits, qu'ils soient déclarés ou à venir). Par exemple, nous habitions dans une cour commune, et nous avions deux voisines qui se permettaient des choses qu'elles nous interdisaient sous prétexte qu'elles étaient propriétaires et nous locataires, et que donc, selon elles, elles étaient plus chez elles que nous chez nous. Un jour, ma copine s'en est prise verbalement à l'une de ces voisines. Je savais que le conflit ne réglerait rien, d'autant plus que nous étions sur le point de déménager, alors j'ai préféré laisser ma copine se faire moucher comme une vieille merde plutôt que de m'en mêler, alors même que j'avais les arguments pour faire taire la voisine et la faire se sentir bien merdeuse (ce paragraphe digressif pour vous expliquer ce que je vis au quotidien, tiraillé entre un réalisme qui me pousse à fermer ma gueule systématiquement pour le bien de tous, et un perpétuel sentiment d'auto-gerbance devant ce qu'il m'arrive souvent de considérer comme un flagrant manque de couilles).
Hé bien ce jour-là, à la piscine, j'ai éteint mon cerveau, j'ai mis mes burnes à la place, et je m'en suis mêlé. J'ai balancé ma tirade d'une traite, d'un ton sec, claquant, au volume élevé. Courte, mais efficace : "et toi, t'es qui ? Hein ? T'es qui ? Un petit merdeux de 13 ? 14 ans ? Tu sais à qui tu parles là ? Tu parles à une femme d'abord, et à une adulte ensuite. C'est pas tes potes, les deux là, alors tu fermes ta gueule et tu les respectes. Allez casse-toi, dégage, retourne à ta place ou je t'en colle une. Sale petit con, va." Sur le coup, il a rien dit. Mais ça n'a duré qu'une seconde, il s'est empressé de m'insulter, de retourner à sa place pour donner sa casquette et son sac à dos avec un jeune homme plus âgé qui l'accompagnait apparemment (dans le but avoué, je suppose, de vouloir se battre avec moi...mal-élevé et con, en plus).
Bon, le reste de l'histoire n'a rien à voir avec le sujet, mais je ne vais pas vous laisser sur votre faim, hm ?
Sentant venir la baston, la caissière, qui observait depuis le début, a parlé dans son micro : "la sécurité est demandée à la caisse ! Sécurité à la caisse !".
Le merdeux n'est pas revenu. Il est resté à sa place, et la dizaine de personnes placées entre nous et lui ont totalement approuvé ce qui venait de se passer, à demi-mots.
Plus tard, dans les bassins, on a re-croisé le merdeux avec son cousin (ou grand frère ?). Le gamin regardait ses pieds, et le grand m'a fait un très discret signe de tête.
Ai-je été bête, ou bien courageux, en intervenant ? Je l'ignore encore. J'y repense souvent. Je me plais à croire que c'était du courage, parce que certes, avec un gamin de 14 piges, je ne risquais pas grand chose...mais c'est le genre de gamin de 14 ans qui a toujours un grand frère/cousin qui a des bras comme trois fois mes cuisses, et qui aime s'en servir.
Donc ouais, j'ai envie de croire que j'ai été courageux.
Mais une chose est sûr : si je l'ai été, si je suis intervenu, c'est parce que je l'ai voulu.
Donc posséder une qualité, c'est uniquement, selon moi, une affaire de volonté, de travail sur soi-même. C'est pas facile, c'est sûr (j'ai cru que j'allais m'évanouir tellement mon coeur battait vite, et tellement je tremblais de partout
), mais c'est faisable.
Et en vouloir à quelqu'un, le rejeter parce qu'il possède une qualité que nous n'avons pas, pour moi c'est inconcevable. C'est comme si le fumeur-esclave (celui qui voudrait bien arrêter, mais qui n'essaye même pas tant il est persuadé qu'il n'y arrivera pas) rejetait les non-fumeurs parce que eux, ils ont réussi à ne pas commencer ou à arrêter. Ce serait profondément stupide.
Même le fait d'aimer le rap ou le rock, le foot ou le basket, la montagne ou la plage peut y être rattaché. La simple différence des goûts entraîne une première forme de rejet puisque "s'il n'a pas les mêmes goûts, il ne pense pas comme moi". La plupart des groupes ne se forment-ils pas autour des goûts ? N'a-t-on pas une première idée reçue lorsque quelqu'un nous annonce qu'il déteste ce que l'on aime et inversement ?
On peut avoir une première idée reçue, effectivement. Mais on dit souvent que les goûts comme les opinions, chacun a les siens. Dès lors, même si le groupage semble naturel, n'est-ce pas finalement ça le fond du problème ? Si chacun a ses goûts et ses opinions, alors comment est-il possible de les partager au sein d'un groupe ?
Ne pas faire partie d'un groupe, ne reviendrait-il pas, finalement, à faire partie de tous les groupes ? Et, par conséquent, à éliminer tout rejet lié aux goûts ou aux opinions ?
Car en groupe, on est cons, c'est bien connu. Quand tu es avec ton groupe, chaque personne n'en faisant pas partie est un étranger, et les a priori se forment : s'il ne fait pas partie de notre groupe, ça veut dire qu'il n'a pas les mêmes goûts que nous. S'il n'a pas les mêmes goûts que nous, il ne m'intéresse pas, je suis mieux avec mon groupe.
De ce point de vue, faire partie d'un groupe ne revient-il pas à automatiquement potentiellement rejeter toutes les personnes n'en faisant pas partie ?
Et de même, ne pas faire partie d'un groupe ne revient-il pas à automatiquement potentiellement accepter, s'ouvrir à toutes les autres personnes ?
Il n'est pas question ici de tout apprécier et/ou de ne rien détester. On peut avoir ses goûts et ses opinions, mais dès l'instant où on ne fait pas partie d'un groupe, il ne peut y avoir de rejet, car pas de groupe = seul. Or, l'humain est un animal social, comme disait l'autre. Quand on est seul, on cherche de la compagnie. Et quand on a de la compagnie, on n'en cherche plus.
Tout cela plaide en faveur de l'absence de participation à un groupe, non ?
ark a écrit:franchement, je cautionne pas ça.
La raison métaphysique qui fait qu'il y a un groupe fumeurs et non fumeurs c'est que les fumeurs sortent fumer ensemble et se retrouvent donc pour discuter ensemble. A l'inverse, les non fumeurs n'aiment pas trop respirer la fumé et du coup fuient les fumeurs.
Tu dis qu'aimer le rap est un caractère spécifique. Moi j'appelle ça une question de goût.
Les gens qui ont les même goûts, les mêmes passions peuvent plus facilement échanger car ils ont des sujets de discussions en commun.
On joue tous aux jeux vidéos ici et pourtant on a tous des personnalités différentes.
Il n'y a strictement aucun rejet de la différence à ce niveau là. Il y a des atomes crochus, il y a de l'affinité mais rien à voir avec de la différence. J'ai des potes qui sont d'ailleurs très différents les uns des autres, ça nous empêche pas d'être potes.
Je vois vraiment pas où tu veux en venir.
Tu te demandes pourquoi on n'aime pas certaines personnes? En gros tu dis qu'on doit aimer tout le monde? Non franchement je pense que t'es parti tellement loin dans ton raisonnement que ça n'a plus de sens.
Si t'aime pas quelqu'un c'est parce qu'il est différent de toi? C'est du racisme de personnalité?
T'es en train de dire qu'on ne devrait plus avoir de jugement sur rien? Ne plus apprécier ni déprécier?
Qu'est ce que tu fais des proverbes du styles
Les opposés s'attirent
On ne peut pas plaire à tout le monde?
Je t'aime.
pourquoi ne peut-on pas être indifférent face à la différence ?
Parce qu'on ne peut pas être indifférent face à la non-différence. C'est comme le noir et le blanc, la nuit et le jour, le Monde de la Lumière et le Monde des Ténèbres, les pros-FIFA et les pros-PES
Si l'on se rapproche des gens qui possèdent des non-différences avec soi, si l'on s'entend avec ces gens-là, si l'on forme des groupes avec eux, alors fatalement, obligatoirement, et heureusement, le contraire se produit avec les gens qui possèdent des différences avec soi.
Tout simplement.
Insérez ici votre fromage.