Le coin Histoire

Pour parler de vos romans préférés

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Messagede Franz le 16 Juin 2006 20:18

Sans grande illusion - comme dirait Jean Renoir, pour ceux qui verront la référence - car je sais combien la discipline historique laisse généralement nos contemporains d'un marbre épais à en faire pâlir celui de la basilique trajane, j'inaugure ce topic dédié à la seule littérature historique.

Il peut y être question, toutes périodes confondues, autant de romans que d'oeuvres scientifiques, mémoires, biographies, autobiographies et j'en passe : je posterai moi-même une première "fiche" sous peu.

Avis aux intéressés : l'Histoire vous tend ici les bras ^^
:vache:
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Re: Le coin Histoire

Messagede FTM le 23 Juin 2006 20:48

Franz a écrit:: je posterai moi-même une première "fiche" sous peu.

Avis aux intéressés : l'Histoire vous tend ici les bras ^^


ben grouille alors :grrr:
vive les vendanges!!
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Messagede drakoru le 23 Juin 2006 21:16

ben oui tiens... elle est ou cette fiche mÔnsieur? ^^
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Messagede Franz le 24 Juin 2006 01:34

J'étais tellement convaincu que le sujet endormirai les plus hardis du lot que je n'ai pas osé m'exprimer, de peur de n'être ouï que par mon ombre ^^

Ca vous intéresse, vous en êtes bien sûrs ? ^^
:vache:
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Messagede néoastharos le 24 Juin 2006 09:33

ça peut être interessant!!! :pouce:
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Messagede delphe le 24 Juin 2006 09:35

Oui vas y!
Plus le coeur bat, plus il y a de plaisir... s'il n'en éprouve pas, il perd sa couleur.
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Messagede néoastharos le 24 Juin 2006 09:36

momentanement absent
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Messagede drakoru le 24 Juin 2006 10:35

Ca vous intéresse, vous en êtes bien sûrs ? ^^


tout dépend le nombre de fois ou tu vas nous demander de te le demander....
:D

mais oui, vas-y Franz! :pouce:
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Messagede Franz le 24 Juin 2006 12:24

Ok, mais je vous préviens que je risque de m'emballer sur le clavier, et d'être donc un tantinet long ^^


Après réflexion, je décide d'entamer le débat en abordant ce qui fut - et est probablement toujours - l'un de mes sujets d'étude les plus chers : vie et souffrances du soldat en temps de guerre. Il ne s'agit donc pas ici de parler stratégie, tactique, armement, politique, etc... Non, le but de ce type d'étude n'est "que" de se pencher sur l'homme de troupe : poilu en France, landser en Allemagne, frontviki en Russie, qu'importe sa nationalité ou son niveau social puisque, sous la mitraille, tous courrent le dos courbé et que, fauchés par un éclat d'obus ou une rafale de mitrailleuse, tous agonisent en crachant le même sang et en appellant leur mère à l'aide, dans quelque langue que ce fût.
Quel est l'intérêt d'étudier ces "petits", ces anonymes dont les souffrances et les sacrifices s'estompent au bénéfice de la "grande Histoire", celle de nos manuels scolaires ? Chacun peut trouver sa raison à cela, et d'aucuns peuvent croire la chose sans intérêt : tout est question de personnalité et d'éducation, à mon sens. Ma propre motivation à étudier ces hommes, qu'il me soit permis de la résumer en citant approximativement l'historien Pierre Miquel, dans son ouvrage intitulé Les poilus : "Ces hommes ne sont pas nos ancêtres : ils sont nos frères, et ont vécu ce que nous aurions pu vivre. En cela, ils méritent toute notre attention". Je surenchéris sur ce propos en citant Sir Mortimer Wheeler, lorsqu'il nous dit que "ce ne sont pas des objets que l'archéologue doit exhumer, mais des êtres humains", et je le complète en disant que cette dynamique d'humanité est non seulement le travail de tout archéologue et de tout historien, mais aussi celui de toute personne sachant prendre la peine de tourner son regard vers ceux qui l'ont précédée. L'Histoire, en somme, est cette science qui doit nous rappeler que nous sommes moins qu'une virgule dans l'âge du Monde et que, bien que "le sang sèche vite en entrant dans l'Histoire", comme disait un chanteur jadis célèbre, les événements qui nous semblent lointains sont encore extrêmement proches de nous, nous permettant de sentir dans notre dos le souffle de ces mourrants qui, à travers leur seule mémoire, nous supplient de ne pas recommencer ce qu'eux ont eu tant de mal à finir.
Comprendre ce qu'est le quotidien du soldat est un travail sans fin pour l'historien militaire : aussi nombreuses que soient ses lectures, aussi poussée que soit sa volonté de comprendre, quels que soient les témoignages qu'il entendra de la bouche de survivants, il ne se fera jamais qu'un ersatz d'idée de ce que peuvent être le moment d'Apocalypse provoqué par un barrage d'artillerie à Verdun, la lente agonie d'une colonne de prisonniers cheminant dans la neige à Stalingrad, ou même le "simple" fait de n'avoir d'autre choix que de courir, baïonnette au canon, droit sur des positions crachant le tonnerre, le feu et la Mort déchaînée.
La guerre contemporaine, plus que toute autre à toute autre époque, est proprement inimaginable pour qui ne l'a pas vécue.


Du caractère à la fois terrible et unique que fut le sacrifice de nos pères, ce sont souvent les mémoires de soldats qui nous permettent d'avoir l'aperçu le plus marquant, bien que notre perception ne puisse demeurer qu'amplement vague et incertaine, comme je l'ai expliqué. Aussi ai-je décidé de vous résumer en premier lieu Les Croix de bois, oeuvre magistrale rédigée en 1919 par Roland Dorgelès, qui fut engagé volontaire pendant la Première Guerre Mondiale.
Son ouvrage, il le consacre donc essentiellement aux hommes pataugeant dans la boue, enjambant les cadavres et tentant vainement de ne plus entendre les cris d'agonie de leurs compagnons tombés entre la tranchée allemande et la leur.
Ces hommes, se battirent-ils pour des causes, des idées, des frontières ? En dépit des images d'Epinal qui nous sont rapportées sur les soldats pressés, la fleur au fusil, d'aller casser du bolchévique/nazi/impérialiste/capitaliste/boche/rosbeef/untermenschen/envahisseur en général (rayer les mentions inutiles), on découvre des soldats qui ne savent pas ou plus pourquoi ils se battent, emportés qu'ils ont été par le devoir, la propagande ou la mobilisation générale, et qui n'ont finalement qu'un seul but du début à la fin d'une guerre dont ils ont peu de chances de voir le dénouement : survivre, fût-ce en perdant une jambe ou un bras, blessures salvatrices garantissant le retour à la vie civile.
Las, même lorsque ledit retour a enfin lieu, fût-ce par le sang versé ou par la paix, c'est le plus souvent la découverte d'une nouvelle déception pour les soldats qui, retrouvant une société qui les a oubliés depuis longtemps et dans laquelle ils n'ont plus leur place, se sentent rejetés par ceux pour lesquels on leur avait pourtant dit qu'ils se battaient, ceux-là même qui à leur retour leurs reprocheraient presque d'avoir mis quatre ans à gagner la guerre et de ne maintenant rien savoir faire d'autre que tenir un fusil. Il entrent ainsi sans une nouvelle ère de peines et d'isolement, l'ère des hommes qui ont connu le feu et qui, plus jamais, ne seront capables de s'accorder avec les frivolités d'une existence sans danger qui ne les comprend pas et ne leur offre aucune compensation en retour à leur sacrifice.

Ainsi l'auteur nous fait-il vivre, à travers une escouade et des personnages fictifs, ce que fut son quotidien durant le conflit, mettant dans les paroles et les gestes de ses personnages ce qui fut vécu par lui-même et ses camarades, qu'il n'ose faire revivre de leurs vrais noms, de peur peut-être de n'avoir pas le courage de décrire leurs souffrances.
C'est un témoignage poignant, même s'il est probablement moins cru que celui, par exemple, d'Erich Maria Remarque avec son très dur A l'Ouest rien de nouveau, ouvrage que je recommande tout autant que celui dont il est question ici, mais dont je mets en garde le lecteur vis-à-vis de la cruauté et du réalisme morbide qui y règnent.

Pour souligner le style et permettre d'entrevoir ce que peut être le but quotidien du soldat, but dont j'ai parlé plus haut, je prends la liberté de vous citer un des derniers paragraphes de l'ouvrage :
A cheval sur une chaise, l'ai éreinté, les joues blêmes et les oreilles écarlates, un buveur, un peu saoul, mâchonnait son avis :
- Paix ou pas paix, c'est trop tard, c'est une défaite. Rien à faire, je vous dis, le coup est joué. Pour nous autres, c'est une défaite.
Sulphart leva la tête et dévisagea celui qui parlait ainsi.
- Moi, lui dit-il, je dis et je prétends que c'est une victoire.
Le buveur le regarda et haussa les épaules.
- Pourquoi ça, que c'est une victoire ?
Sulphart déconcerté chercha un instant, ne trouvant pas tout de suite les mots qu'il fallait pour exprimer son farouche bonheur. Puis, sans même comprendre la terrible grandeur de son aveu, il répondit crûment :
- J'trouve que c'est une victoire, parce que j'en suis sorti vivant...



Enfin, je me fais plaisir en concluant ce bref exposé par les paroles d'un Roy qui fut un esprit éclairé, mais que l'Histoire a occulté, pour avoir fait trop d'erreurs et pas assez de conquêtes :
"Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes : la vraie gloire, c'est de l'épargner" - Louis XV (1710 - 1774)


Et sinon, pour rétablir l'ambiance en finissant dans la bonne humeur, il y a aussi cette petite image que j'adore :D

[spoiler]Image[/spoiler]


Voilà : première "fiche" terminée.

Désolé d'avoir fait long ;)
Dernière édition par Franz le 24 Juin 2006 14:36, édité 1 fois.
:vache:
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Messagede drakoru le 24 Juin 2006 12:46

Arf...

Bien, je ne sais que dire, sinon :
Laisse présager beaucoup pour l'avenir, continuez, 19/20.

Quant à moi, je me demande si beaucoup de gens sont intéréssés par tout cela, mais je me ferai un plaisir d'introduir ici prochainement un historien français, Marc Bloch.
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Messagede delphe le 24 Juin 2006 14:04

Tout ceci est très interessant (je n'en doutais pas). Vu que je n'ai pas la connaissance nécéssaire (pour ne pas dire aucune) pour tout ce qui touche a l'histoire, je préfère lire tes "fiches" et en apprendre plus.
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Messagede néoastharos le 24 Juin 2006 14:29

bravo pour ce passionnat exposé!
je n'ai pas la prétention de maitriser le sujet(contrairement à toi apparemment), mais je me suis(autrefois) penché sur la vie de ces soldats!
je crois que nous nous devons de connaitre les souffrances endurées par nos ancêtres car sans eux nous ne serions sûremment pas là!!
Je recommande notamment paroles de poilus qui est un recueil poignant de lettres et témoignages de poilus!!!
encore une fois' franz, bravo pour cette excellente idée!

[spoiler]petite ciation que j'aime particulièrement: "tout être qui naît est rattaché à l'humanité tant par le passé que par l'avenir" d'où l'importance de la réflexion sur la condition des soldats de la guerre[/spoiler]
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Messagede Deacon le 24 Juin 2006 17:02

Apres des années dans les tranchées, la mort, le froid la boue les suicides (on en parle pas tellement de ça!) ... les gens en etat de choc, paranoïa,
c'est à se demander comment ils ont pu retourner à le vie normal.
une petite citation, dans une lettre (censurée) d'un poilu:
" avec l'automne, la pluie, avec l'hiver le gel et la neige, le champs de bataille c'est de la boue et du cadavre..."
N’importe qui peut haïr l’humanité après une agression. Seuls les grands esprits la haïssent… avant.
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Messagede delphe le 24 Juin 2006 17:39

Deacon a écrit:c'est à se demander comment ils ont pu retourner à le vie normal.


Ils ne retournent pas à la vie normale après se qu'ils ont vécu, ils ne peuvent pas, ils restent traumatisés à vie!
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Messagede néoastharos le 24 Juin 2006 17:45

c'est clair c'est comme si tu laissais une partie de toi sur le champ de bataille, tu ne le retrouve plus jamais!
pour moi la guerre c'est une machine à déshumaniser!!!!!!
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Messagede Deacon le 24 Juin 2006 20:57

C'est dailleur tres bien montré dans Rambo (allez y foutez vous de ma gueule!) je sais pas lequel, dans le peu que j'ai vu on voit que beaucoup de soldats americains devenaient vagabond apres la guerre du vietnam...
mais apres cette guerre ils ont bien du retourner travailler, sortir revoir leur famille...
mais quand pendant des années tu as vecu ça, ne pas savoir si tu allais revoir le jour se lever, tuer, courrir, entendre les balles siffler, les gazs moutardes, forcer ses poumons à aspirer l'air dans le masque à oxygene, tuer des gens à la baillonnet, les bombardement ... le silence.... et .... sortir de la tranchée...
pour gagner 100 metres...
les reperdre apres 2 jours...
recommencer...

tiens superbe film à ce sujet: "joyeux noel"!
(et pour que je recommande un film français, c'est vraiment qu'il est bon!)
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Messagede drakoru le 24 Juin 2006 21:02

C'est dailleur tres bien montré dans Rambo (allez y foutez vous de ma gueule!)


AVEC PLAISIR : MWAHAHAHAHAHAHAH, LA TEU HON DEACON ! ! !

Hum....

*sage se souvient qu'il n'est plus en mode obscur... il adopte la position du digne tigre blanc*

Sachez cher confrère qu'en matière de référence les votres me semble pour le moins... Populaires

*étouffe un rire* :D
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Messagede Deacon le 24 Juin 2006 21:06

ba en attendant le quart d'heure de Rambo que j'ai vu de ma vie m'a marqué justement parce que je m'y attendait pas.
Je suis resté bloqué devant en me demandant ce que c'etait...
pas de M60, pas d'explosion....
Juste un type chevelu qui traine son sac et que les gens traitent comme les clochards devant les grands restaurants....
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Messagede néoastharos le 24 Juin 2006 21:07

:zen:
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Messagede drakoru le 26 Juin 2006 14:10

T'inquiètes pas pour la zen attitude Néo... Deacon et moi nous entendons au mieux, pas de soucis ;)

Bien, je vais vous parler brièvement de l'historien auteur dont j'ai fait mention un peu plus haut.
Je l'ai découvert lorsque j'ai passé mon concour de science po en 2001, il était au programme du concours.
Ce mec, c'est Marc Bloch... Le bouquin dont je veux parler, c'est "l'étrange défaite".
De quoi ça parle : de la deuxième guerre mondiale.
Encore me direz vous... Et pourquoi, qu'est-ce qu'on a encore à apprendre de la deuxième guerre? Ce à quoi je répondrai : tu peux me laisser finir, espèce de petit insolent, avant de poser tes questions à la con! (effet de remanescence du mode obscur...)
L'intérêt... C'est très surement la performance de l'analyse du mec.
Il était historien réputé, mais aussi officier de l'armée française pendant la guerre... et juif, mais avant tout, comme il le dit lui même, il croyait en sa République. Et encore mieux, il est mort au peloton en 1942...

Comment un mec qui est mort en 1942 a pu poser une bonne analyse de la défaite française (car c'est de cela qu'il est question)?
Ben c'est la qu'est la performance de l'historien... Ce mec orend le recul de l'historien en explicant ce qui se passe dans ses carnets AU FUR ET A MESURE que ça se passe.
Il explique la lenteur administrative de l'armée française face à la rapidité d'execution de l'armée allemande, il met en exergue la différence technologique entre les deux armée alors même que la vision qui circule dans les rangs français à propos d'elle même est celle d'une défense imprennable, se croyant dans un remake de la guerre de 14/18, alors que l'allemagne était passé dans une nouvelle ère technologique... Tout cela en le vivant.. Mieux encore, il devine avant d'en voir l'issu que si l'armée allemande est invincible du point de vue tactique en 1940, elle a déja perdu la guerre avant d'avoir entammé le combat , car Hitler ne pouvait gagner qu'à condition de faire vite ; or il n'est pas possible de conquérir le monde vite, ni de faire collaborer longtemps des peuples que l'on a l'intention d'éliminer soit physiquement, soit culturellement.

Un livre à lire je pense, tant pour la performance d'historien qu'il relate, que pour la lumière que le bouquin fait sur la honte européenne de la débacle face à l'allemagne, qu'on ne vous a surement pas enseigné à l'école (^^), et également pour lire au moins un bouquin de M. Bloch, qui, plus qu'un historien, fut un inventeur de la méthode historique.

D'ailleur, pour ceux que ça intresse, du même auteur, je conseil "La société féodale" qui permet au lecteur de se familiariser avec une mentalité, une tournure d'esprit, une sensibilité et un langage que nous avons oubliés et dont l'imagerie médiévale du XIXème siècle, relayée par nos films et nos bandes dessinées, nous écarte radicalement.
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