Histoire : Qui, au Maghreb, ne connaît Moha ? On l'a entendu déclamer sur une place publique. On l'a vu déchirer de vrais billets devant une banque. Il a tiré au clair l'étrange histoire d'une ancienne et puissante famille, su le secret de l'esclave noire et celui de la petite domestique, chacune interdite de parole. Il a pris à partie le technocrate et le le psychiatre, conversé avec Moché, le fou des Juifs, et avec l'Indien, cet autre exclu.
Arrêté, tué, enterré, Moha ne cesse de parler - et sa parole ne peut tarir car elle est la tradition maghrébine même, la vérité lyrique qui résiste.
Comme on dit, "qui t'a précédé d'une nuit, a appris une ruse de plus que toi".
Non. Moha ne pleure pas devant les hommes.Il pleure devant un coucher de soleil, devant l'arbre, devant la mer. Les enfants le bouleversent. Les femmes l'émeuvent. Pas les hommes de cette rive.
Là est la ville. La grande ville. Celle qui fait vivre le pays. Avec ses jardins taillés, ses fleurs fines, son ordre pur, ses bâtisses colossales, sa folie et ses dictatures. C'est dans ses rides, dans ses trappes que les gamins essaient de rire et de survivre. Ils ne sont pas de cette pierre bien taillée et posée comme une loi. Ils sont de la poussière et du zinc.
Histoire : ???
L'histoire, mère de la vérité; l'idée est stupéfiante. Ménard, contemporain de William James, ne définit pas l'histoire comme une recherche de la réalité mais comme son origine. La vérité historique, pour lui, n'est pas ce qui s'est passé; c'est ce que nous pensons qui s'est passé. Les termes de la fin - exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir - sont effrontément pragmatiques.
La Bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque, et dont la circonférence est inaccessible.
Comme tout le monde de bon goût, Ménard avait horreur de ces mascarades inutiles, tout juste bonnes - disait-il - à procurer le plaisir plébéien de l'anachronisme ou (ce qui est pire) à nous ébaubir avec l'idée primaire que toutes les époques sont semblables ou différentes.
Antique problème où j'insinue cette solution : La Bibliothèque est illimitée et périodique. S'il y avait un voyageur éternel pour la traverser dans un sens quelconque, les siècles finiraient par lui apprendre que les mêmes volumes se répètent toujours dans le même désordre - qui, répété, deviendrait un ordre : l'Ordre. Ma solitude se console à cet élégant espoir.
...contenu : Ce volume contient :
- Edgar Poe, sa vie et ses œuvres - Double Assassinat dans la rue Morgue - La Lettre volée - Le Scarabée d'or - Le Canard au ballon - Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall - Manuscrit trouvé dans une bouteille - Une descente dans le Maelstrom - La Vérité sur le cas de M. Valdemar - Révélation magnétique - Souvenirs de M. Auguste Bedloe - Morella - Ligeia - Metzengerstein
Ma mémoire se retournait, – oh ! avec quelle intensité de regret ! – vers Ligeia, l’aimée, l’auguste, la belle, la morte. Je faisais des orgies de souvenirs, je me délectais dans sa pureté, dans sa sagesse, dans sa haute nature éthéréenne, dans son amour passionné, idolâtrique. Maintenant, mon esprit brûlait pleinement et largement d’une flamme plus ardente que n’avait été la sienne. Dans l’enthousiasme de mes rêves opiacés, – car j’étais habituellement sous l’empire du poison, – je criais son nom à haute voix durant le silence de la nuit, et, le jour, dans les retraites ombreuses des vallées, comme si, par l’énergie sauvage, la passion solennelle, l’ardeur dévorante de ma passion pour la défunte je pouvais la ressusciter dans les sentiers de cette vie qu’elle avait abandonnée ; pour toujours ? était-ce vraiment possible ?
Histoire :
Atala : René est un jeune européen venu vivre avec les indiens au XVIII siècle. Chactas un vieil indien, lui conte une histoire d'amour tragique...
Lorsqu'il avait vingt ans, Chactas fut capturé par une tribu ennemie de la sienne. Il fait la connaissance de la fille du chef, une indienne chretienne nommée Atala. Tombé amoureux, il la persuade de s'enfuir avec lui. Mais très vite ils se rendent compte qu'ils ne peuvent pas vivre ainsi, seuls, dans la nature...
René : Réfugié dans la tribu indienne des Natchez en Louisiane, René, un aristocrate français, a tout de suite été adopté par Chactas, un sage aveugle qui lui a désigné une épouse conformément aux mœurs indiennes. René passe ses journées, isolé dans la nature, à nourrir sa mélancolie. Au détour d’une conversation avec Chactas et le père Souël, un jésuite, René se lance dans une confession spontanée sur le récit de sa vie, dans le but de justifier son attitude renfermée.
Après le décès de son père, quelques années auparavant, il décide de voyager à travers l’Europe. En proie à un profond dégout de la vie, il pense à se suicider mais va être aidé par sa sœur Amélie. Cette dernière va alors peu à peu s’éprendre de son frère. Pour se soigner de cet amour incestueux, elle choisit d’aller se repentir dans un couvent...
Les perpétuelles contradictions de l’amour et de la religion d’Atala, l’abandon de sa tendresse et la chasteté de ses mœurs, la fierté de son caractère et sa profonde sensibilité, l’élévation de son âme dans les grandes choses, sa susceptibilité dans les petites, tout en faisait pour moi un être incompréhensible.
La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme des ruisseaux d'une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. Il me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future ; je l'embrassais dans les vents ; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve : tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.
Histoire : Japon, de nos jours. Une femme, la trentaine. Elle est mariée, elle aime son mari. Le matin, elle prépare le repas. L'après-midi, elle prend la voiture pour aller faire les courses. Parfois, elle va nager à la piscine. La nuit, elle relit Anna Karénine. Elle vit sa vie comme un robot. Car cette femme ne dort plus depuis dix-sept nuits. Du coup, la femme fait des rêves, étranges, beaux,angoissants…Ou peut-être est-ce la réalité…
Histoire : Elle tue, on la paye. Son contact est un nommé Jean, il dirige le mystérieux «Institut» où elle a été élevée, ou plutôt dressée à tuer. Elle a vécu aussi dans une caravane, en compagnie de Marigold, une prostituée. Puis parmi une bande de drogués marginaux. Rien ne lui fait peur. C'est sa vie. Elle n'en sait pas plus.
Il y a pourtant quelques éclairs d'amour. Lorsqu'elle recueille Angel, le bébé d'une toxicomane. Et lorsqu'elle rencontre Thomas, un jeune journaliste désireux de recueillir ses confidences. Mais une vie placée sous le signe de la violence peut-elle jamais y échapper ?
Histoire : A Saint-Pétersbourg, en 1865, Raskolnikov, un jeune noble sombre et altier, renfermé mais aussi généreux, a interrompu ses études faute d'argent. Endetté auprès de sa logeuse qui lui loue une étroite mansarde, il se sent écrasé par sa pauvreté. Mais il se croit aussi appelé à un grand avenir et, dédaigneux de la loi morale, se pense fondé à commettre un crime : ce qu'il va faire bientôt - de manière crapuleuse...
Histoire : Témoin d’un hold-up dans le quartier des Champs-Élysées, Anne Forestier échappe par miracle à la sauvagerie du braqueur. Détruite, défigurée. Bouleversé, le commandant Verhœven, qui est son amant, s’engage corps et âme dans cette enquête dont il fait une affaire personnelle. D’autant que le braqueur, récidiviste déterminé et d’une rare férocité, s’acharne à retrouver Anne pour l’exécuter… Les deux hommes s’engagent alors dans un face à face mortel dont Anne est l’enjeu. Verhœven, touché au plus secret de sa vie privée, devient à son tour violent, implacable, jusqu’à sacrifier tous ses principes… Mais en réalité, dans cette affaire, qui est le chasseur? Et qui est la proie?
Histoire : Rue Sans-Souci... Drôle d'adresse, lorsqu'on est flic, pour y trouver dans un appartement, le cadavre d'une femme avec laquelle on vient de passer la nuit. Surtout lorsqu'on ne se rappelle de rien... Harry Hole n'est pas au bout de ses peines. Un braqueur, comme en état de transe, a flingué à bout portant une caissière irréprochable, après lui avoir murmuré à l'oreille ce qui aurait pu être des mots d'amour. Hole parle de meurtre, sa hiérarchie d'accident. Tant de gens auraient intérêt à le voir tomber, que le flic d'Oslo va devoir à nouveau composer avec la loi pour sauver sa peau, comme pour traquer le Mal. Ce qu'il avait flairé sera bien au-delà des apparences.
« C’est toi qui l’as trouvé ? » demanda-t-elle sans se retourner. Harry se demanda depuis combien de temps elle l’attendait.
« Il y a beaucoup de personnes qui ont trouvé Arne Albu. Je n’ai été que l’une d’entre elles. »
Elle balaya une mèche de cheveux qui dansait devant son visage.
« Moi aussi. Mais c’était il y a longtemps, longtemps. Tu ne vas peut-être pas me croire, mais je l’ai aimé, un temps. »
Harry alluma son briquet.
« Pourquoi je ne le croirais pas ?
– Crois ce que tu veux. Tout le monde n’est pas en mesure d’aimer. Nous – et eux – le croyons peut-être, mais il n’en est rien. Ils apprennent les mimiques, les répliques et les pas, c’est tout. Certains d’entre eux sont assez bons pour qu’on se laisse abuser assez longtemps. Ce qui me fascine, ce n’est pas qu’ils y arrivent, mais qu’ils s’en donnent la peine. Pourquoi recourir à ces efforts pour obtenir en retour un sentiment qu’ils ne connaissent même pas ? Tu comprends, officier ? »
Harry ne répondit pas.
« Ils ont peut-être peur, tout bêtement, dit-elle en se retournant vers lui. Peur de se voir dans le miroir et de découvrir que ce sont des infirmes.
– De qui parlez-vous, madame Albu ? »
Elle se tourna de nouveau vers l’eau. « Qui sait ? Anna Bethsen. Arne. Moi. Telle que je suis devenue. »
« Mais elle se trouvait aussi devant un autre dilemme moral. La vengeance. Dans la mesure où elle se reconnaissait dans l’éthique chrétienne, elle savait qu’il y est interdit de se venger. Le paradoxe, c’est évidemment que les Chrétiens font profession d’un Dieu qui est l’instance vengeresse suprême. Si vous le défiez, vous brûlerez éternellement dans les flammes de l’enfer, une vengeance totalement disproportionnée, pratiquement une affaire pour Amnesty International, si vous voulez mon avis. Et si…
– Elle se contentait peut-être simplement de haïr ? »
Aune et Harry se tournèrent vers Beate. Elle leur renvoya un regard effrayé, comme si les mots lui avaient échappé, l’espace d’une seconde.
« Morale, murmura-t-elle. Désir de vivre. Amour. Et pourtant, c’est la haine qui l’emporte. »
HIstoire : Alors que tous dans la maison de retraite s’apprêtent à célébrer dignement son centième anniversaire, Allan Karlsson, qui déteste ce genre de pince-fesses, décide de fuguer. Chaussé de ses plus belles charentaises, il saute par la fenêtre de sa chambre et prend ses jambes à son cou. Débutent alors une improbable cavale à travers la Suède et un voyage décoiffant au cœur de l’histoire du XXe siècle. Car méfiez-vous des apparences! Derrière ce frêle vieillard en pantoufles se cache un artificier de génie qui a eu la bonne idée de naître au début d’un siècle sanguinaire. Grâce à son talent pour les explosifs, Allan Karlsson, individu lambda, apolitique et inculte, s’est ainsi retrouvé mêlé à presque cent ans d’événements majeurs aux côtés des grands de ce monde, de Franco à Staline en passant par Truman et Mao...
Au bout de quelques secondes supplémentaires, la voix du chef de la tour de contrôle se fit à nouveau entendre.
- Allo? Vous êtes toujours là, monsieur Dollars?
- Je suis là, dit Allan
- Puis-je vous redemander votre prénom s'il vous plait?
- Mille, répondit Allan. Je suis monsieur Mille Dollars et je vous demande l'autorisation d'atterrir sur votre aéroport
-Je suis désolé, monsieur Dollars, mais la ligne est mauvaise. Auriez vous l'obligeance de répéter votre prénom?
Alan expliqua au commandant de bord que le chef de la tour de contrôle était maintenant entré en négociation
- Je comprends, dit le commandant
- Mon prénom est Deux mille. nous pouvons atterrir maintenant?
Sa vie avait été passionnante, mais rien ne dure éternellement, à part peut-être la bêtise humaine.
Il dit avec modestie qu'il n'était pas difficile de se faire passer pour un idiot quand on l'était rééllement. Allan n'était pas d'accord avec son ami, parce que tous les imbéciles qu'il avait rencontrés dans sa vie essayaient de se faire passer pour le contraire.
Il y avait une chose qu'il avait apprise en parcourant le monde , c'était que le plus insoluble des conflits de la planète avaient démarré de cette façon : "t'es bête ! - Non, c'est toi qui es bête ! - Non c'est toi ! la solution était de partager une bouteille d'une contenance minimale de soixante-quinze centilitres d'alcool, puis de regarder vers l'avenir.
- Alors tu penses que soixante quinze centilitres pourraient résoudre le conflit entre Israël et la Palestine ?
Pour ce conflit-là, il faudrait peut-être augmenter la dose, Mais le principe reste le même.
Allan constata qu'il avait réussi à être à la fois un rat et un chien en moins d'une minute. Staline devait être fou s'il pensait encore obtenir son aide. De toute façon, il en avait assez de se faire insulter. Il était venu à Moscou pour rendre service, pas pour se faire engueuler. Staline n'avait qu'à se débrouiller tout seul.
- J'ai pensé à un truc, dit Allan.
- Ah oui ? Quoi donc ? demanda Staline, furieux.
- Tu ne trouves pas que tu devrais raser cette moustache ?
La soirée se termina sur cette question. L'interprète avait perdu connaissance.
Histoire : Anna n'est pas qu'une femme, qu'un splendide spécimen du sexe féminin, c'est une femme dotée d'un sens moral entier, tout d'un bloc, prédominant : tout ce qui fait partie de sa personne est important, a une intensité dramatique, et cela s'applique aussi bien à son amour.
Elle n'est pas, comme Emma Bovary, une rêveuse de province, une femme désenchantée qui court en rasant des murs croulants vers les lits d'amants interchangeables. Anna donne à Vronski toute sa vie.
Elle part vivre avec lui d'abord en Italie, puis dans les terres de la Russie centrale, bien que cette liaison « notoire » la stigmatise, aux yeux du monde immoral dans lequel elle évolue, comme une femme immorale. Anna scandalise la société hypocrite moins par sa liaison amoureuse que par son mépris affiché des conventions sociales.
Au moment où la vision allait disparaître, un regard limpide se porta sur lui. Ce fût comme un éclair. Il l'avait reconnue... Une joie mêlée de stupeur illumina son visage.
Il ne pouvait se tromper : ces yeux étaient uniques au monde. Une seule créature sur terre représentait pour lui l'univers entier et constituait en même temps la seule raison d'être de sa vie.
Retourner vers Le coin de la Littérature
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 2 invités